Popularisée sous le nom de Tabula Rogeriana, en français "Le Livre de Roger", cette œuvre commandée par Roger II de Sicile a été établie par le géographe Muhammad Al Idrissi en 1154. Après quinze ans de synthèse entre ses souvenirs personnels de voyage, les récits d'explorateurs et les livres de géographie de l'époque, Al Idrissi réalise alors ce qui restera pendant près de trois siècles la carte du monde la plus précise jamais réalisée. En accord avec sa religion, Al Idrissi a par ailleurs configuré l'espace de sa carte de façon à ce que la Mecque y occupe une position centrale.
Le livre
Le nom complet de l'œuvre d'Al Idrissi est Kitâb nuzhat al mushtâq fî-khtirâq al-âfâ ce qui signifie littéralement "Livre du divertissement de celui qui désire parcourir le monde". Le livre, écrit en arabe, divise son argumentaire selon 7 zones climatiques conformément à la Géographie de Ptolémée. Chacune de ces parties comprend 10 sections détaillées. Chaque région fait l'objet d'une description précise qui comprend la liste de ses villes principales, les caractéristiques de ces villes, les distances entre les cités, ainsi que des éléments de culture, de langage et de religion.
La carte
La grande carte rectangulaire est composée de 70 feuilles rectangulaires, assemblées en 7 rouleaux de 10 feuilles chacun. Comme Ptolémée, Al Idrissi divise le monde en sept "climats" ou régions, allant de l'est à l'ouest, tout en orientant sa carte avec le sud au sommet. Le monde connu s'étend alors des Îles Canaries à la Corée et de l'Afrique équatoriale à la Scandinavie et à la Sibérie. Innovant cependant par rapport à Ptolémée, Al Idrissi subdivise chaque "climat" en dix sections, ce qui découpe le monde en une grille de soixante-dix rectangles. Chaque section est représentée par une carte et ensuite décrite de façon détaillée.
La définition standard de ces zones dites climats est astronomique : les climats se succèdent selon une limite correspondant à une augmentation d'une demi-heure de la durée maximale du jour. Par suite de cette définition les largeurs des climats diminuent quand on va vers le nord, cependant sur la carte d'al Idrissi, ils ont tendance à avoir une largeur constante de six degrés.
La carte représente plusieurs centaines d'éléments géographiques et de villes, mais la méthode exacte employée pour les situer est mal connue. Il semble qu'Al idrissi ne fut guère un mathématicien précis et qu'il ignorait la trigonométrie, mais ses méthodes approximatives étaient cependant bien adaptées en pratique à la masse des données souvent contradictoires qu'il avait à traiter, "ses erreurs ne furent pas énormes". Al Idrissi a adopté des méthodes innovantes qui marquaient une rupture avec les traditions cartographiques arabes précédentes. Il a réintégré et modernisé les techniques géographiques de Ptolémée, qui avaient été partiellement délaissées au profit d'approches plus descriptives et moins systématiques. La méthode d'Al Idrissi comprenait la compilation de données à partir de sources variées, incluant des voyages qu'il a pu effectuer lui-même ou par le biais de rapports de voyageurs. Il combinait ces informations avec des connaissances historiques et contemporaines pour produire des cartes qui étaient non seulement des outils de navigation mais aussi des représentations du monde riche en détails géographiques, culturels et économiques. En utilisant un système de quadrillage détaillé, Al Idrissi a divisé le monde en sections clairement délimitées, facilitant ainsi une cartographie plus précise et fonctionnelle.
Le "Livre de Roger" est considéré comme l'une des représentations les plus avancées du globe terrestre de son temps. Cette œuvre est remarquable pour sa précision et sa richesse en informations, offrant une vision globale qui inclut des régions d'Afrique, d'Europe et d'Asie. Les cartes d'Al Idrissi ont été largement utilisées et ont influencé tant le monde islamique que l'Europe, jouant un rôle clé dans le développement ultérieur de la géographie européenne durant la Renaissance.
Cette description résolument encyclopédique comprend aussi bien la géographie physique que les activités humaines. L'auteur décrit en détail la Sicile, l'Italie, sa patrie l'Espagne, l'Europe du Nord et l'Afrique, ainsi que Byzance. Sa connaissance du Niger, du Soudan et du Nil reste remarquable pour son époque. Sur la carte, les cours d'eau et lacs d'eau douce sont représentés en vert, tandis que les mers sont en bleu.
Pour aller plus loin
Il est possible de parcourir la carte en haute définition sur le site Library of Congress.
Le livre complet est consultable sur Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France.
Sources
Images: Library of Congress / La carte présentée ici est une copie de 1929 réalisée par Konrad Miller, avec la transcription des noms en alphabet latin.
Textes: Wikipedia et diverses
Popularisée sous le nom de Tabula Rogeriana, en français "Le Livre de Roger", cette œuvre commandée par Roger II de Sicile a été établie par le géographe Muhammad Al Idrissi en 1154. Après quinze ans de synthèse entre ses souvenirs personnels de voyage, les récits d'explorateurs et les livres de géographie de l'époque, Al Idrissi réalise alors ce qui restera pendant près de trois siècles la carte du monde la plus précise jamais réalisée. En accord avec sa religion, Al Idrissi a par ailleurs configuré l'espace de sa carte de façon à ce que la Mecque y occupe une position centrale.
Le livre
Le nom complet de l'œuvre d'Al Idrissi est Kitâb nuzhat al mushtâq fî-khtirâq al-âfâ ce qui signifie littéralement "Livre du divertissement de celui qui désire parcourir le monde". Le livre, écrit en arabe, divise son argumentaire selon 7 zones climatiques conformément à la Géographie de Ptolémée. Chacune de ces parties comprend 10 sections détaillées. Chaque région fait l'objet d'une description précise qui comprend la liste de ses villes principales, les caractéristiques de ces villes, les distances entre les cités, ainsi que des éléments de culture, de langage et de religion.
La carte
La grande carte rectangulaire est composée de 70 feuilles rectangulaires, assemblées en 7 rouleaux de 10 feuilles chacun. Comme Ptolémée, Al Idrissi divise le monde en sept "climats" ou régions, allant de l'est à l'ouest, tout en orientant sa carte avec le sud au sommet. Le monde connu s'étend alors des Îles Canaries à la Corée et de l'Afrique équatoriale à la Scandinavie et à la Sibérie. Innovant cependant par rapport à Ptolémée, Al Idrissi subdivise chaque "climat" en dix sections, ce qui découpe le monde en une grille de soixante-dix rectangles. Chaque section est représentée par une carte et ensuite décrite de façon détaillée.
La définition standard de ces zones dites climats est astronomique : les climats se succèdent selon une limite correspondant à une augmentation d'une demi-heure de la durée maximale du jour. Par suite de cette définition les largeurs des climats diminuent quand on va vers le nord, cependant sur la carte d'al Idrissi, ils ont tendance à avoir une largeur constante de six degrés.
La carte représente plusieurs centaines d'éléments géographiques et de villes, mais la méthode exacte employée pour les situer est mal connue. Il semble qu'Al idrissi ne fut guère un mathématicien précis et qu'il ignorait la trigonométrie, mais ses méthodes approximatives étaient cependant bien adaptées en pratique à la masse des données souvent contradictoires qu'il avait à traiter, "ses erreurs ne furent pas énormes". Al Idrissi a adopté des méthodes innovantes qui marquaient une rupture avec les traditions cartographiques arabes précédentes. Il a réintégré et modernisé les techniques géographiques de Ptolémée, qui avaient été partiellement délaissées au profit d'approches plus descriptives et moins systématiques. La méthode d'Al Idrissi comprenait la compilation de données à partir de sources variées, incluant des voyages qu'il a pu effectuer lui-même ou par le biais de rapports de voyageurs. Il combinait ces informations avec des connaissances historiques et contemporaines pour produire des cartes qui étaient non seulement des outils de navigation mais aussi des représentations du monde riche en détails géographiques, culturels et économiques. En utilisant un système de quadrillage détaillé, Al Idrissi a divisé le monde en sections clairement délimitées, facilitant ainsi une cartographie plus précise et fonctionnelle.
Le "Livre de Roger" est considéré comme l'une des représentations les plus avancées du globe terrestre de son temps. Cette œuvre est remarquable pour sa précision et sa richesse en informations, offrant une vision globale qui inclut des régions d'Afrique, d'Europe et d'Asie. Les cartes d'Al Idrissi ont été largement utilisées et ont influencé tant le monde islamique que l'Europe, jouant un rôle clé dans le développement ultérieur de la géographie européenne durant la Renaissance.
Cette description résolument encyclopédique comprend aussi bien la géographie physique que les activités humaines. L'auteur décrit en détail la Sicile, l'Italie, sa patrie l'Espagne, l'Europe du Nord et l'Afrique, ainsi que Byzance. Sa connaissance du Niger, du Soudan et du Nil reste remarquable pour son époque. Sur la carte, les cours d'eau et lacs d'eau douce sont représentés en vert, tandis que les mers sont en bleu.
Pour aller plus loin
Il est possible de parcourir la carte en haute définition sur le site Library of Congress.
Le livre complet est consultable sur Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France.
Sources
Images: Library of Congress / La carte présentée ici est une copie de 1929 réalisée par Konrad Miller, avec la transcription des noms en alphabet latin.
Textes: Wikipedia et diverses




